L’interrogatif catégorique

espa tience

Projets, habitants, lieux, écritures et paroles sont des mots communs. Pourtant, par superficialité, on les survole, négligeant  ainsi leur féconde complexité.

Les mots décrivant la ville - espaces, êtres vivants et sociétés - demandent avec rigueur et enthousiasme, à être en permanence mieux définis et enrichis.

L'objectif est de tracer collectivement les  chemins de projets de transformations plus maîtrisées, non subies.

Poser sa voix et passer la parole sont d'un même élan, appelant espace et temps. Espa tience ? Espa science ? ...

L’interrogatif catégorique

Apprendre, en permanence

Le confinement et l’intensification des questions sur soi-même, son devenir professionnel qu’il a produit, m’ont  été l’occasion d’engager une formation sur WordPress, censée être le sésame d’une mienne capacité  à réaliser de toutes  pièces un site, des sites et des sites….

J’ y ai en effet appris beaucoup de choses, d’abord parce que je ne savais presque rien, mais surtout parce que cette formation est de qualité, et qu’elle délivre les bases organisationnelles du « comment s’y prendre » de manière autonome, des bonnes questions à se poser, pour avancer.

Parmi les thématiques abordées dans cette formation, l’une m’a particulièrement à la fois intéressée et déstabilisée. C’est celle de la définition des catégories. Sujet faussement simple à mon avis. Il renvoie, me concernant à l’un des points essentiels de mon propre projet : interroger les catégories établies, les périmètres, la parcellisation de la description, de la lecture du monde qu’elles génèrent et perpétuent, dans le domaine des savoirs et des actions d’urbanisme.

L’intérêt prodigieux vient cependant du fait que, pour énoncer, désigner, puis questionner enfin, on se saurait s’en passer !

Classer, mélanger, déplacer : forme ouverte

Un jeu patient et passionnant de construction de ces catégories, de leur hiérarchie, emboitement et renvois prend corps. Il est vertigineux car à la fois, cette tâche essentielle procède d’une construction, qui  procure la douce impression d’avancer, et d’une déconstruction, impression inverse d’un amer hébétement. Etats successifs de la matière virtuelle ? Formes mouvantes où la question revient à savoir si ce sont les objets ou bien les sujets, c’est à dire les personnes, les lecteurs, les discussions,  qui doivent pouvoir bouger.

Autrement dit, ressurgit cette éternelle question de la rigidité de la règle, de la structure, de la forme, ici, des catégories, comme facteur de liberté. Liberté de quoi ? et pour qui ?

A ce stade de ma réflexion, j’écris que c’est bien dans un choix constructif des catégories que l’on peut espérer mettre, sans certitude, ne serait-ce qu’un demi orteil sur le chemin d’un jeu de mouvements potentiels.

D’où le temps pris à cette construction, les hésitations et les doutes, et la difficulté grandissante de déterminer le moment, non pas de l’achèvement, mais de la publication compréhensible d’une forme ouverte.

Chronique des murs invisibles

Dès arrivée à Paris en cette fin Mars 2021, j’ai vite fait un saut à l’Arbre à Lettres pour acheter le dernier opus d’Annie Le Brun « Ceci tuera cela ». Ecrit avant la pandémie, le livre s’ouvre cependant sur un avant-propos qui s’y réfère.

Alors que je suis attachée à justifier l’inscription de quelques traces dans l’espace virtuel de ce site – ici, le temps devient espace – par des réminiscences incessantes aux réelles présences du monde, la lecture me donne l’idée d’écrire sur ces « murs invisibles », parois transparentes de plexiglas de protection qui ont si facilement envahi les lieux et les échanges.

Est-ce l’état ultime de l’architecture de vitres-miroirs à l’instar de la mode urbaine des « facades St-Gobain » de quelques décennies passées, tandis que nous nous claquemurons chaque jour un peu plus ?

Ordinaire et habitudes sont en forte décote

Berçons-nous d’inessentiel et travaillons sans cesse aux commerces des autres et des idées. La ville, c’est précisément, le mélange de tous les commerces, de biens, d’idées, de personnes.

Puisqu’il faut changer, changeons. Embrassons l’incertain et l’incertitude bravement.Je suis de plus en plus happée par l’idée d’une nouvelle main, de nouveaux yeux, de nouveaux moyens de parler, discuter.

Oui, les sites web sont à la fois textes et (partie de) contexte de notre vie. Bien réels, c’est à chacun de le conformer pour qu’il exprime sa manière, sa matière et sa matérialité de communiquer, de transmettre et d’échanger.

La petite révolution qui s’opère pour chacun c’est d’entrer de plain-pied dans ce qu’il est nécessaire de fabriquer, dessiner, designer, pour que, écrans et clavier, deviennent les vecteurs les plus directs possibles de l’interaction avec les publics, qu’ils soient professionnels ou profanes, tout comme le sont -ils sont présents, touchant l’écran,  le stylo et la parole…

Gagner le ciel d’un site

Il s’agit de combiner le plus interactivement possible (y compris en réfléchissant à comment ne pas reproduire les erreurs d’autres médias, tel le commentaire en bas des articles, qui, à lui seul, fabrique une interaction assez pauvre) les médias qui me parlent et qui me permettent le plus possible d’engager une conversation avec les autres, connus et inconnus ; ce fameux « appel à l’action » comme un « appel au tourbillon de l’interaction ».

C’est pourquoi, à ce stade, de réflexion, j’aime bien les formes journal/magazine avec ses rubriques, sa forme à la fois fixe et ouverte aux surprises. Le site doit être :

  • un lieu de services, de ressources,
  • de leur indexation/capitalisation (adapté à la désynchronisation de la connexion des usagers) ET AUSSI
  • un lieu d’échanges en direct (avec les outils de travail, de conversation adaptés).

Durée longue, durée courte ?  Le site c’est les liens (à tous les sens de ce terme) et leur infinie liberté de proposer de nouvelles lectures, de nouvelles rencontres. Je retrouve ainsi une durable obsession de casser les frontières professionnel-non professionnel ; entre disciplines ; entre formes de langages.

Par les mots, par les images, il s’agit à la fois de donner envie, d’intéresser, d’intriguer, de proposer d’engager un travail, un approfondissement, une rencontre… une/des expériences, qui si elles s’initient par/sur le site peuvent se poursuivent dans la cité, comme un concret inter-spatial. C’est cela le petite révolution artisanale, manuelle, de confection de mes outils-prolongement de la main, des yeux, oreilles etc.

La Cité-Lettre

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